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KAPIARIC ET LE MONDE
25 février 2016

La route est hypertextuelle Cette analyse se

La route est hypertextuelle

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Cette analyse se propose de scruter le sens, dans toutes ses facettes, de la route dans le contexte congolais. Elle part du postulat que l’éclatement du sens de la route résulte de sa discursivité transversale. 

La route, en elle-même, c’est un message avant de signifier quelque chose pour ceux qui la créent et ceux qui l’utilisent. Il faut ainsi distinguer trois messages : le message intrinsèque, le message intentionnel et le message utilitaire. Tous sont très différents même si, quelques fois, ils peuvent arriver à une unanimité.

Ce point de vue se renforce avec la conception de Jean Baudrillard qui estime qu’une « analyse de la logique sociale qui règle la pratique des objets selon les diverses classes ou catégories ne peut qu'être en même temps une analyse critique de l'idéologie de la « consommation », qui sous-tend aujourd'hui toute pratique relative aux objets. Cette double analyse celle de la fonction sociale distinctive des objets et celle de la fonction politique de l'idéologie qui s'y rattache doit partir d'un préalable absolu le dépassement d'une vision spontanée des objets en termes de besoins, de l'hypothèse de la priorité de leur valeur d'usage ». 

Il est donc clair que la route est un signe à trois messages. D’abord le message intrinsèque : il s’agit de ce discours que la route produit elle-même. Pour l’analyse, il faut puiser dans la dénotation. La route est donc universellement une voie praticable par les voitures. La route est une réponse à un besoin et prend son sens dans la relation économique de l’homme à l’environnement. Il faut alors souligner que la route est un produit de l’interactionnisme symbolique.

A côté de ce discours interne, l’environnement pré-existentiel de la route conduit inévitablement à un discours intentionnel. Dans notre société, c’est le parti politique au pouvoir qui initie les grands projets de construction et de réhabilitation des infrastructures routières. Cela fait de la route un produit politisé qui relève de la seule volonté politique. S’il est admis que derrière tout acte communicationnel, il y a une intention, il s’avère que la création de la route en est un qui cache l’intention ou les intentions de son initiateur.

Dans cette acception, les politiques, surtout ceux qui sont aux commandes, se voient renforcer leur autorité par l’adhésion populaire. La route se présente ainsi comme un bien de propagande qui excite les pulsions du peuple à faire davantage confiance en ses dirigeants. Voilà pourquoi d’autres politiques peuvent s’évertuer en chantres de grandes réalisations.

L’utilité de la route, comme troisième message, renvoie à l’usage social. Ce sont les utilisateurs qui en construisent le sens. Ils se trouvent ainsi dans un conflit sociocognitif qui conduit à une réorganisation cognitive du discours. Cela veut dire que les usagers de la route s’adonnent à une interprétation qui dépend d’abord des informations qu’ils reçoivent sur la route et ensuite des principes transversaux qui régissent leur écologie présentielle.

Dans ce cas, la route revêt plusieurs formes. En RDC par exemple, les routes s’identifient aux Chinois par le fait que la plupart des chantiers de réhabilitation des routes leur ont été confiés. A ce niveau même, la contrefaçon universelle, reconnue aux citoyens de l’empire rouge, peut être transposée sur leurs chantiers routiers. Il n’est pas rare d’entendre les gens dire « biloko ya ba chinois ewumelaka te, ata ba nzela » (les produits chinois ne durent pas, même les routes).

Un deuxième exemple de l’interprétation : les routes sont un discriminant social.  Il y a des milieux, (des quartiers, des communes, des villes) qui sont bien servis en termes de réhabilitation de leurs infrastructures routières alors que d’autres ne le sont pas. Les Kinois peuvent s’amuser de fois en se qualifiant péjorativement de tels ou tels quartiers. Même dans un même quartier, on peut se distinguer selon que l’on habite la route principale ou les rues. La route devient ainsi un instrument de classification sociale. Tout en participant de la structuration de l’espace, la route discrimine. Dans les agglomérations urbaines, la route est un facteur de revalorisation d’un milieu. C’est dans cette optique que certaines parcelles ont une valeur marchande très élevée par rapport à d’autres.  

La route est un facteur de développement. Cette interprétation puise son sens même dans sa signification dénotative. La route désenclave, la route permet la circulation des biens de consommation et d’autres natures. C’est pourquoi, on parle de voies de communication ; celles qui rapprochent les peuples et créent la relation. La communication étant le fondement de tout lien social, la route est donc fondamentale pour créer la société. Il n’y a de société humaine que s’il y a échanges, les échanges étant facilités par la route. Quoi de plus normal de faire de la route une priorité.

Ricky KAPIAMBA

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